Zoom sur le « respirateur portable » de Maryam Khalili : local, peu coûteux et facile à utiliser

Maryam Khalili

Dans le cadre de son plan d’action spécial COVID-19, l’AUF a financé 92 projets issus de 87 établissements membres dans 44 pays. Voici le projet "respirateur portable" porté par Mme Maryam Khalili du département de Design industriel de l'Université de Téhéran, qui a eu la chance d’être sélectionné parmi les 8 projets moyen-orientaux.
Témoignage.

  • Pourriez-vous nous dire en quoi consiste votre projet ?

Notre projet consiste en la conception d’un respirateur portable pour les patients de la COVID-19. Dans les cas aigus, le coronavirus attaque le système respiratoire, provoquant un essoufflement, une perte d’approvisionnement des tissus en oxygène et éventuellement une suffocation et la mort. Afin de maintenir ces patients en vie, il est nécessaire d’utiliser des appareils de respiration artificielle ou des ventilateurs. La conception et la production de ces appareils relativement simples et peu coûteux pour sauver la vie d’un plus grand nombre de patients est au centre de ce projet. Étant donné que la fabrication de cette machine implique une combinaison de connaissance d’électricité, de mécanique, de bio-ingénierie et de design, il est important que les experts de tous ces domaines travaillent ensemble pour la construire. Une coopération multidisciplinaire est le premier résultat de ce projet. Notre objectif est de proposer un respirateur peu coûteux et facile à utiliser et de production locale.

  • Quels sont les principaux bénéficiaires de ce projet ? Et quel sera l’impact sur votre pays?

 En raison du coût élevé des ventilateurs avancés, qui ne sont généralement utilisés que dans certaines parties des hôpitaux comme les unités de soins intensifs, leur nombre dans les hôpitaux du pays ainsi que dans le monde est bien inférieur au nombre requis dans l’urgence actuelle. La simplicité du design dans la conception et la réalisation, le prix bon marché, la possibilité de multiplier les fonctionnalités et le code source ouvert sont les bénéfices du projet qui le rendra plus accessible. Par conséquent, nous essayons de proposer un respirateur automatique simple à produire et facile à utiliser aussi bien pour les patients de réanimation, le cadre soignant à l’hôpital, les aides-soignants dans les ambulances mais également les personnes souhaitant utiliser ce respirateur à la maison. La reproductibilité de ce projet est bénéficiaire indirectement pour tout le monde en cette période, sachant que notre pays, l’Iran, comme beaucoup d’autre pays  est affecté lourdement par le nombre de cas en souffrance respiratoire, et fait face à une pénurie de machines.

  • Qu’apporte l’AUF à la mise en œuvre de votre projet ? Et où en est-il actuellement ?

Je me souviens parfaitement le jour où j’ai vu cet appel à projets via le site de l’AUF. Vue ma connaissance de l’AUF et de ses initiatives, j’ai proposé à l’équipe de candidater. Nous avions déjà commencé le projet de la conception de ventilateur au début du mois de mars 2020. Il y avait une forte demande nationale sur ce genre de projets mais nous n’avions pas encore de structure de soutien financier. Sur ce, nous étions très honorés d’être sélectionnés parmi les projets gagnants, car nous avions absolument besoin d’un soutien pour le premier prototype fonctionnel, et cette aide nous a permis de nous procurer le matériel nécessaire pour la fabrication, et d’envisager un projet plus ambitieux. Notre équipe de designers et d’ingénieurs est unie pour avancer sur ce projet, ce qui n’était pas envisageable avec le budget initial. En ce moment, la conception ingénierie et design est dans sa phase finale.

  • Enfin, quel message souhaitez-vous adresser à la communauté universitaire de l’AUF en cette période très particulière ?

En ces moments difficiles que traverse l’humanité, le message d’espoir est la seule arme contre toute sorte de pessimisme. En ce moment, la communauté universitaire de l’AUF a un objectif commun et c’est l’ambition de lutter contre cette maladie. Chaque discipline a un rôle important. Il faut surtout penser aux personnes âgées, aux enfants, aux familles fragiles. La société a besoin de bénéficier des résultats de laboratoires universitaires aussi bien sur le plan médical que sur le plan d’aide et d’assistance. Nous essayons de créer des liens entre le design, l’ingénierie, la science sociale et le corps médical au sein de l’Université de Téhéran pour pouvoir trouver des opportunités avec pour but d’améliorer la vie de nos compatriotes. Ce rapprochement est très utile à mon avis, car le contexte actuel demande plus de rigueur, rapidité et efficacité.

 

Les membres de l’équipe : Maryam Khalili  et Mehran Fateminia (Département de Design Industriel), Hadi Moradi et Kamaleddin Setarehdan (Département de l’ingénierie d’électricité et d’informatique) ; Morteza Farahnak et Mostafa Derafchian (Startup Nojan) ; Mohsen Norouzi (Startup TSF)

Date de publication : 26/10/2020

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