Pouvez vous présenter votre parcours professionnel ?
Chercheuse et coordinatrice du pôle en développement durable, de l’Université Mayor de San Simon, à Cochabamba, Bolivie, Alejandra Ramirez Soruco travaille depuis de nombreuses années dans le développement humain durable, avec une attention particulière à la violence et la condition de la femme dans son pays natal. Au cours de l´année 2022, elle a été la coordinatrice scientifique du projet « Violences sociales en temps de pandémie dans une région métropolitaine de la Bolivie : le cas de Cochabamba », réalisé en partenariat avec les services sociaux la ville de Cochabamba et l´ONG bolivienne Pro Habita, ayant bénéficié du soutien de l’AUF, dans le cadre de l’appel Covid 19.2.
Alejandra, vous êtes universitaire, racontez-nous pourquoi le choix d’une spécialisation dans le domaine des études féminines ?
Mon objectif était de comprendre, dans ses multiples dimensions et dans toute sa complexité, les dynamiques sociales de mon pays, dans lesquelles les femmes jouent un rôle fondamental. Retrouver la voix des citoyennes et citoyens, mettre un visage sur leurs problèmes, identifier aussi bien leurs faiblesses que leurs potentialités et caractériser leur participation dans les processus de construction de la qualité de vie ont été les préoccupations centrales de mon travail.
En tant que femme, quels sont les plus grands défis que vous avez à relever dans votre travail ?
Outre les défis personnels et de gestion – semblables à ceux des autres chercheuses – trois défis étroitement liés se dégagent : comment faire entendre la voix académique – venant, de surcroît, d’une femme – dans le monde des décideurs publics ? Comment avoir un impact sur les mesures et les politiques multidimensionnelles et globales visant à résoudre les principaux problèmes auxquels nous, les femmes, sommes confrontées ? Compte tenu du fait que les femmes sont diverses, ayant des points de vue et des intérêts différents, même face à des problèmes communs, comment construire une proposition commune en dépit de ces différences ? Pire encore dans un pays au tissu social fragmenté, traversé par des querelles politiques et des violences inter-citoyennes.
Comment encourager les filles et les femmes à suivre ce même chemin ?
Je reste convaincue que le fait d’encourager les nouvelles générations de chercheuses à générer et à provoquer des débats à partir de la vie universitaire permettra l’émergence de propositions alternatives aux scénarios sociopolitiques que nous traversons, améliorant ainsi notre qualité de vie.
En ce sens, les opportunités telles que celles offertes par l’AUF pour le projet que j’ai coordonné sont inestimables. Elles nous permettent de rassembler des preuves empiriques et de construire des espaces de réflexion collective intergenres, intergénérationnels, interdisciplinaires et transdisciplinaires.