La Semaine mondiale de la Francophonie scientifique (SMFS) a accueilli la 3ème édition des Assises internationales de la Francophonie scientifique dont la thématique portait sur l’apport du scientifique à l’économie dans l’espace francophone. Les intervenants ont pris la parole pour répondre à la question : « Quelles articulations entre Francophonie scientifique et Francophonie économique au profit du développement ? ».
Les 3èmes Assises internationales de la Francophonie scientifique : un bilan exceptionnel
Les 3èmes Assises internationales de la Francophonie scientifique se sont tenues à Québec les 1er et 2 novembre 2023. Composante scientifique de la 3ème édition de la Semaine mondiale de la Francophonie scientifique, cette rencontre a mobilisé plusieurs spécialistes des établissements membres de l’AUF pour définir les contours de l’apport du scientifique à l’économie dans l’espace francophone. Une centaine de chercheurs, d’experts et d’acteurs du monde socio-économique issus d’une trentaine de pays francophones ont échangé et partagé leurs expériences au cours des 16 sessions dans 4 ateliers scientifiques diffusés en direct sur les réseaux sociaux.
Un record de participation
À l’issue de l’Appel à communications lancé en mars 2023, 319 propositions de communications ont été recueillies et évaluées par les experts des Conseils scientifique, économique et social et des réseaux de l’AUF. 80 communications ont été sélectionnées et valorisées sur le site internet de la SMFS. Plus de 100 chercheurs, experts et acteurs du monde socio-économique, issus de 33 pays ont partagé leur expertise et leur réalisation dans les 4 ateliers scientifiques. Au cours de ces échanges, près de 50 recommandations stratégiques ont été formulées et feront l’objet d’un document de synthèse qui sera publié prochainement. Les 3èmes Assises ont battu un record d’audience sur les réseaux sociaux avec presque 8500 vues.
Les ateliers scientifiques
Quatre ateliers scientifiques de quatre sessions chacun ont permis aux intervenants de proposer des pistes de solutions qui guideront l’AUF dans la mise en œuvre de sa stratégie différenciée selon les niveaux de développement des pays francophones.
1 – La recherche et l’innovation à impacts
Comment développer de la recherche et de l’innovation à impacts socioéconomiques ?
Le temps de la recherche et le temps de l’économie n’ont pas le même rythme. Le premier se projette sur de longues durées, tandis que le second sur des temps courts, en attente de retour sur investissements, de solutions immédiates en cas de crises ou d’urgence, soit à impact immédiat. Chacun doit faire des efforts pour que ces temps se rencontrent et l’innovation peut être le vecteur de ce rapprochement. Ainsi, cet atelier s’est proposé de réfléchir à des structures, des cadres juridiques, des modes de collaboration et de financement, ou encore de relater les histoires à succès afin que ces mondes et leurs injonctions parfois paradoxales se rencontrent.
2 – L’incubation entrepreneuriale
Comment développer la création d’entreprises dans le milieu universitaire ?
La création d’entreprise est une aventure : une aventure intellectuelle, sociale, relationnelle, financière et personnelle. Cet atelier a proposé de s’interroger sur la manière d’organiser l’expérience entrepreneuriale dans le milieu universitaire en allant de la formation de l’entrepreneur aux structures d’accompagnement.
3 – La formation professionnalisante
Comment développer la délicate triple adéquation : formation-emplois-défis socioéconomiques ?
Nombreuses sont les critiques issues des acteurs socioéconomiques concernant la préparation des étudiants au monde du travail : mal formés, manque d’expérience, manque de professionnalisme, décalage entre la théorie et la pratique, décalage entre l’offre et la demande, etc. Se pose ainsi la nécessaire réflexion sur les formations professionnalisantes et, avec elle, le besoin de réduire l’écart entre ce qui est enseigné dans les salles de classe et ce qui est pratiqué dans les organisations professionnelles.
4 – La mobilisation de l’expertise
Comment développer de l’expertise pluridisciplinaire aussi bien pour le développement local inclusif qu’au profit des défis mondiaux complexes et transfrontaliers ?
Les établissements universitaires sont de grands pourvoyeurs d’experts dans de nombreuses disciplines. Cette pluridisciplinarité peut être mobilisée, soit pour le développement territorial local et inclusif autour de l’établissement, soit pour le développement international transfrontalier et complexe qui touche l’humanité entière. Comment peut-on mieux mobiliser ces expertises ? Dans quel cadre institutionnel et juridique peuvent-elles évoluer ? Comment décloisonner les disciplines et favoriser l’expertise pluridisciplinaire ? Les exemples et solutions proposés peuvent toucher plusieurs enjeux (vitaux, environnementaux, sociétaux…).
15 grandes recommandations
- Donner une vision systémique du processus d’innovation : co-construction, réseaux, pluridisciplinarité
- Construire des cadres institutionnels incitatifs à la collaboration internationale
- Définir des indicateurs de la production scientifique et de l’innovation
- Promouvoir le développement des systèmes d’alternance universités entreprises
- Prendre en compte la grande diversité du secteur de la formation et de l’emploi dans les pays francophones pour permettre une action différenciée
- Redéfinir le rôle de l’enseignant-chercheur, entre nécessité et évidence pour appuyer les formations professionnalisantes
- Renforcer les passerelles entre formations professionnelles courtes, professionnalisantes et les diplômes universitaires pour augmenter les choix des jeunes
- Soutenir les plateformes de vulgarisation et de partage de contenus scientifiques en français
- Accompagner les expériences de dialogue inclusif et constructif entre prescripteurs et bénéficiaires des progrès scientifiques
- Appuyer les actions de valorisation des savoirs et compétences locales-endogènes
- Appuyer les projets mettant en valeur la notion équité-diversité-inclusion
- Promouvoir la prospective et la pensée systémique au sein des universités
- Promouvoir l’intégration des ODD dans les référentiels de formation
- Identifier et capitaliser les savoirs, savoir-faire et compétences clés au sein des réseaux internationaux
- Constituer des réseaux experts pluridisciplinaires
De ces recommandations découlent des solutions concrètes qui ont été présentées dans les ateliers. Elles constitueront les feuilles de route différenciées de l’AUF pour la mise en œuvre d’activités et de projets qui relèvent simultanément de la Francophonie économique et scientifique.
Une mobilisation de l’expertise internationale
Les Assises internationales de la Francophonie scientifique constituent désormais un rendez-vous scientifique attendu par la communauté de l’espace francophone.
Parmi les organisations internationales et réseaux représentés lors des 3ème Assises, de prestigieuses institutions telles que l’ACFAS (Québec), le CAMES, la Confédération Nationale des Employeurs du Sénégal, la CONFEMEN, le Conseil du patronat du Québec, le Consortium Erudit (Québec), District3 (Québec), la Fédération des Conseils arabes de la recherche scientifique, la Fondation canadienne pour l’innovation, France Universités, le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (France), l’Institut de la Francophonie pour le développement durable, l’Institut International d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (Burkina Faso), l’International Medical Informatics Association (Suisse), l’IRD (France), le Mouvement International des chefs d’entreprises libanais, l’Observatoire de la Francophonie économique (Québec), l’Observatoire francophone pour le développement inclusif par le genre (Québec), l’OCDE, le réseau Liaison Entreprise Université – LiEU (Belgique).
Également au rendez-vous, à nouveau cette année, les réseaux universitaires membres et partenaires de l’AUF : APERAU, CIDMEF, RéFIA, RéMUD et RRI.
Le prochain rendez-vous est donc donné en 2024 pour une 4ème édition des Assises internationales de la Francophonie scientifique toujours plus riche !
Les chiffres-clés de 2023 :
- Plus de 300 papiers reçus à la suite de l’appel à candidatures
- 84 papiers ont été retenus, ils sont consultables ici
- 41 des papiers sélectionnés ont été présentés en direct par leur auteur pendant les ateliers des Assises, dont 3 ont participé à distance.
- L’évènement a réuni 112 participants au total dont 4 ont participé à distance
- 75 enseignants-chercheurs sont venus
- 30 pays représentés
En savoir plus sur cette édition rendez-vous sur le site officiel de l’évènement.
Pour en savoir plus sur les Assises internationales de la Francophonie scientifique, découvrez les restitutions de la 1ère édition et de la 2ème édition.