L'Institut universitaire de technologie (IUT) de l'Université Jean Monnet Saint Étienne (France) organise une conférence internationale portant sur le thème "Entreprendre ensemble pour demain - Le monde comme source d'inspiration". Elle se tiendra du 15 au 17 avril 2024 à Roanne, France. CREE2024 s'adresse à tous les acteurs de l'éducation en entrepreneuriat qui ont envie de partager leurs travaux de recherche (finalisés ou en cours), de proposer des retours d'expérience ou des ateliers de développement professionnel.
Enjeu socio-économique et sociétal, méthode d’émancipation et de réalisation personnelle ou encore outil de politiques publiques, l’entrepreneuriat et son enseignement sont au cœur des préoccupations de tous les territoires. La nouvelle génération est visiblement prête à ces changements radicaux, et les questions du sens[1] et de l’authenticité sont centrales dans leur rapport au travail[2] et à l’entrepreneuriat[3].
Or, les échanges de juin dernier entre personnes enseignantes, chercheuses, étudiantes et entrepreneures du Maghreb, d’Afrique de l’Ouest, d’Europe et du Québec ont permis de relever :
- L’impact des contextes socioculturels sur les possibilités réelles d’émancipation ;
- Leur influence majeure sur les imaginaires de la réussite sociale pour un jeune ;
- L’affecte d’espoir ou de désespoir qui peut en découler en lien avec l’état du monde.
La transformation sociale est au cœur de l’idée d’entrepreneuriat, mais elle ne joue qu’un rôle trop souvent marginal dans la recherche actuelle. Le monde est riche de toute sa diversité et cela nous appelle à aller chercher ce qui fonctionne ailleurs, ce qui impacte, ce qui fait sens.
À nouveau, personnes enseignantes, chercheuses, étudiantes et entrepreneures sont conviées à un espace de dialogue et de génération de sens autour de ce qui est souhaité pour l’entrepreneur du futur.
Cet événement est une production de l’Académie en l’Entrepreneuriat et de l’Innovation (AEI), l’Accompagnateur Entrepreneurial Desjardins (AED) de l’Université de Sherbrooke et l’AUF.
Site de la conférence – dépôts des propositions – inscriptions, rendez-vous ici
Informations complémentaires :
- Format attendu : 4 à 8 pages
- Date limite de dépôt : 29 février 2024
- Université Jean Monnet – IUT de Roanne 20, avenue de Paris 42300 Roanne France
- Pour Qui : Personnes enseignantes, chercheuses, étudiantes et entrepreneures du monde entier. L’appel est ouvert à toutes et tous, peu importe si vous étiez avec nous ou non aux premières rencontres
- Modalités de soumission sur la plateforme ScienceConf.org : https://cree2024.sciencesconf.org
- Droits d’inscription : 250 euros (incluant matériel, pauses café, repas et visite)
- Contacts organisateurs : stephane.foliard@univ-st-etienne.fr
[1] Bibeau, J., & Meilleur, R. (2022). Sens et Dialogue: forces motrices d’un modèle pédagogique innovant. Entreprendre & Innover, 52(1), 16-27.
[2] Is Gen Z the spark we need to see the light? (Ernst & Young, 2021)
[3] Byrne, J., Shantz, A., & Bullough, A. (2023). What about us? Fostering authenticity in entrepreneurship education. Academy of Management Learning & Education, 22(1), 4-31.
En savoir plus :
Enjeu socio-économique et sociétal, méthode d’émancipation et de réalisation personnelle ou encore outil de politiques publiques, l’entrepreneuriat et son enseignement sont au cœur des préoccupations de tous les territoires. Comprendre ces phénomènes entrepreneuriaux et favoriser leurs conditions d’éclosion, soutenir les entreprises à innover, à se développer et à pérenniser leur activité est au cœur des agendas politiques comme des programmes de recherche et d’éducation en entrepreneuriat depuis des décennies dans tous les pays du monde. Vecteurs historiques de changements dans une perspective schumpétérienne, les entrepreneurs modifient en profondeur nos économies mais également certaines règles sociales comme le rapport au travail ou les contreparties souhaitées[1], souvent pour plus de souplesse et de performance économique et financière. Les crises actuelles nous rappellent cependant que l’entrepreneuriat ne peut plus être considéré comme une panacée et comme le vecteur d’une croissance sans fin, et le GIEC recommande une transformation radicale des activités et des comportements à tous les niveaux, y compris celui des entrepreneurs.
La nouvelle génération est visiblement prête à ces changements radicaux, et les questions du sens[2] et de l’authenticité sont centrales dans leur rapport au travail[3] et à l’entrepreneuriat[4]. Autodéterminée, désireuse de maitriser son destin, cette nouvelle génération souhaite partout dans monde entreprendre plus que les précédentes et propose des projets alignés avec ses valeurs, de plus en plus écoresponsables et cherchant un impact visible[5]. Sans se cantonner au secteur de l’économie sociale et solidaire[6], les questions de performance économique et financière ne sont plus centrales dans ces projets d’un genre nouveau au profit d’autres critères et de nouveaux modèles d’affaires émergents[7]. Or, les écosystèmes entrepreneuriaux[8] dans lesquels ses représentants souhaitent insérer leurs projets attendent souvent la fin des crises, utilisent toujours les mêmes critères d’évaluation et de retour sur investissement pour engager la collaboration et proposer les ressources nécessaires. Les derniers rapports GEM souligne le fort décalage entre prise en compte des enjeux environnementaux et la mise en œuvre d’actions concrètes. La conscience d’un avenir « négatif » n’est pas suffisamment partagée pour engager une action collective, pour créer une effervescence collective au sens de Durkheim[9]. Il n’y a pas encore une histoire collective, une histoire publique fondée sur l’action de certains et apportant de l’espoir. Les exemples manquent pour alimenter cet espoir de changer la trajectoire de nos sociétés et cela conduit à l’apathie, la résignation et l’indifférence[10]. Cela explique également la faible légitimité des entrepreneurs et de leurs projets à impact différents et peut rendre leur financement et leur existence difficile[11]. Phénomène émergent, cette nouvelle forme d’entrepreneuriat et de recherche d’impact ne semble pas encore avoir atteint une taille critique et les variations nécessaires de son discours pour propager les idées[12] et avoir un effet volume l’imposant dans le paysage. De nombreuses voies sont pourtant explorées dans le monde et sans en faire un atlas exhaustif, échanger sur ces initiatives originales pourrait nous servir de boussole. La transformation sociale est au cœur de l’idée d’entrepreneuriat mais elle ne joue qu’un rôle mineur dans la recherche actuelle[13]. Plus que jamais, les réflexions et les stratégies pour « créer ensemble un monde meilleur[14] » sont au centre des débats des chercheurs, critiques et militants[15].
Le monde est pourtant riche d’exemples d’actions positives, de possibles modèles de rôle, de possibles leaders permettant aux autres d’engager l’action et de tendre vers un objectif commun dans un environnement rempli d’incertitudes[16]. Le monde est riche de sa diversité : diversité des origines et des cultures, diversité des disciplines scientifiques, diversité dans nos fonctions et statuts mais également diversité de nos adaptations aux grandes transitions que nous vivons. Cela nous appelle à sortir de nos paradigmes, à accueillir ce qui fonctionne ailleurs, ce qui impacte, ce qui fait sens pour le porter ici et ailleurs. Le monde est une source d’inspiration et de nombreux exemples existent. C’est avec cet effort d’ouverture, d’accueil que nous pensons pouvoir imaginer l’avenir. L’intention de la conférence CREE 2024 est d’imaginer l’entrepreneur du futur à partir de cette diversité de réalités et des recherches engagées ou à mener pour apprendre les uns des autres en repartant des pratiques du terrain. Nous souhaitons particulièrement accueillir et proposer une voix au monde de la francophonie au travers du partenariat avec l’Agence Universitaire de la Francophonie, du Maroc à Madagascar, du Sénégal aux Caraïbes. Discuter nos pratiques se veut inspirant et aidant pour se projeter positivement vers un avenir incertain.
Nous souhaitons également mettre en lumière des collaborations entre les acteurs du terrain et l’académie, toutes disciplines confondues, dans une démonstration d’un entrepreneuriat ouvert et accueillant d’initiatives d’accompagnement des personnes dans et hors du champ de l’entrepreneuriat. La parole sera également donnée à tous les organismes non scientifiques ou démarches entreprises pour soutenir la jeunesse dans leur écosystème.
Ces échanges et les informations que nous pouvons en tirer nous semblent indispensables pour adapter et anticiper l’éducation en entrepreneuriat. Cela appelle à de nombreux questionnements, recherches et études de cas dont voici quelques idées sans que cela ne soit exhaustif :
– Nous souhaitons mieux connaître les figures de cet entrepreneur de demain, qui est-il, qui est-elle ? quelles sont ses connaissances, compétences et attitudes ? en quoi sont projets est-il différent ? pour quels impacts ?
– Quelles sont les motivations des entrepreneurs du futurs, leurs valeurs, leurs motivations, leur engagement, leur vision du monde, du projet, d’eux-mêmes ?
– Nous souhaitons des études de cas locales décrivant les particularités de l’entrepreneuriat, ce qui soutient la jeunesse dans ces démarches avec des éclairages micro, méso et macro.
– Nous souhaitons identifier les dynamiques écosystémiques susceptibles de soutenir les transitions et celles qui les freinent.
– Nous souhaitons comprendre la nature des interactions avec les parties prenantes, quelles sont leurs attentes, leurs ouvertures ou leurs freins au changement ? comment les convaincre ?
– Comment les entrepreneurs sont-ils perçus sur leur territoire ? quelle est leur place, comment évolue-t-elle ? quelles sont les représentations et les mythes naissants ? quelles sont les attentes sociales et les barrières à lever ?
– Au-delà des critères économiques et financiers, quels autres critères sont utilisés pour convaincre du bienfondé du projet ? quid d’autres critères issus par exemple de la comptabilité écologique et sociale[17], du secteur informel ou du développement des compétences non techniques[18] (communication, collaboration, résolution de problème, créativité, etc.) ?
– Comment ces idées nouvelles se diffusent dans la société, quelles sont les variations du message (nature, vecteur de communication, codage, contexte etc.) qui permettent la propagations des idées ?
– Comment certains entrepreneurs parviennent à diffuser leur projet à impact ?
– Comment adapter l’éducation en entrepreneuriat et l’accompagnement des porteurs de projet ? quelles sont les connaissances, les compétences et les attitudes à développer ? comment intégrer ces enseignements dans nos institutions ?
– Quels rôles pour les enseignants et les accompagnateurs ? quel engagement de leur part ?
Le comité scientifique attend des propositions de communications aussi bien qualitatives que quantitatives. Les approches transversales, faisant appel à la diversité, les approches pluridisciplinaires, aux champs de l’anthropologie, de la sociologie, des sciences de la terre et du vivant, de la philosophie pour mieux comprendre ce qui se joue autour de l’entrepreneur du futur sont les bienvenues et nous permettrons de penser notre « Ensemble ».
La conférence est également largement ouverte à tous les organismes non scientifiques ou démarches entreprises pour soutenir la jeunesse dans leur écosystème. Accueillir « l’ailleurs » nous demande de discuter des nouvelles connaissances que nous sommes capables de produire mais également de celles toujours nécessaires, des avenues de recherche à explorer, des collaborations à engager, des impacts de nos travaux et des indicateurs permettant de les soutenir.
Pour imaginer ensemble l’entrepreneur du futur, nous souhaitons des formats de sessions les plus interactifs possibles. L’idée est d’engager l’avenir à partir des recherches actuelles et écrire ensemble un agenda de recherche. Le format de la conférence est volontairement ouvert pour engager la conversation. Le comité scientifique attend des communications sur des recherche abouties ou en cours. Il attend également des propositions regroupant des communications autour de thématiques particulières.
[1] Eberhart, R. N., Barley, S., & Nelson, A. (2022). Freedom is just another word for nothing left to lose: Entrepreneurialism and the changing nature of employment relations. In Entrepreneurialism and Society: New Theoretical Perspectives (Vol. 81, pp. 13-41). Emerald Publishing Limited.
[2] Bibeau, J., & Meilleur, R. (2022). Sens et Dialogue: forces motrices d’un modèle pédagogique innovant. Entreprendre & Innover, 52(1), 16-27.
[3] Is Gen Z the spark we need to see the light? (Ernst & Young, 2021)
[4] Byrne, J., Shantz, A., & Bullough, A. (2023). What about us? Fostering authenticity in entrepreneurship education. Academy of Management Learning & Education, 22(1), 4-31.
[5] Voir par exemple Youth4climate : https://www.un.org/fr/climatechange/youth-in-action/voices-and-stories
[6] La terminologie des projets à impact est issue de l’ESS. Les projets portés par la jeunesse ont une acception plus large dépassant le seul cadre de l’ESS mais cette terminologie nous semble toutefois la meilleure pour illustrer la question de sens et de perception par les entrepreneurs des résultats sociaux, sociétaux et écologiques de leurs entreprises.
[7] Berger-Douce, S., Coeurderoy, R., Constantinidis, C., Favre-Bonté, V., Germain, O., Guieu, G., … & Verstraete, T. (2023). PME et entrepreneuriat: ajuster la recherche aux réalités sociales, environnementales et économiques du monde des affaires en transformation. Revue internationale PME, 36(1), 6-25.
[8] Stam, E., & Van de Ven, A. (2021). Entrepreneurial ecosystem elements. Small Business Economics, 56, 809-832.
[9] DURKHEIM et 1995
[10] Cohen-Chen et al. 2014
[12] Boullier, D. (2023). Propagations: un nouveau paradigme pour les sciences sociales. Armand Colin.
[13] Lubinski, C., Wadhwani, R. D., Gartner, W. B., & Rottner, R. (2023), op.cit.
[14] “Creating a better world together” est le titre de la conférence internationale 2022 de l’Academy of Management, Seattle.
[15] Voir les deux numéros spéciaux de AoM Perspectives, « Doomsday scenarios: managing in the Age of Black Swans, Issues 1 & 2 », 2020 et 2022
[16] Ganz 2010
[17] Rambaud, A., & Richard, J. (2015). The “Triple Depreciation Line” instead of the “Triple Bottom Line”: towards a genuine integrated reporting. Critical Perspectives on Accounting, 33, 92-116.
[18] Bourrier, Y. (2019). Diagnostic et prise de décision pédagogique pour la construction de compétences non-techniques en situation critique (Doctoral dissertation, Sorbonne Université).
[19] Pour plus de détails, voir par exemple l’appel à soumissions de l’AoM sur ce format particulier : https://aom.org/docs/default-source/events/2023_call_for_submissions.pdf?sfvrsn=f2663df6_2