Dans le cadre de la Journée internationale des femmes et des filles de science célébrée chaque année le 11 février, nous avons interviewé Dr. Vessela Atanassova, Chercheure au Centre de Thracologie auprès de l'Institut d'études balkaniques de l'Académie des Sciences de Bulgarie. Elle nous partage son parcours et ses défis.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel et comment vous êtes devenue une femme de science ? Quel est votre projet de recherche actuelle ?
Quand j’ai commencé mes études supérieures à l’Université de Sofia en Histoire, j’ai été rapidement fascinée par l’Histoire Ancienne et plus particulièrement par l’Égyptologie. C’est pourquoi je suis partie peu de temps après pour approfondir mes connaissances et finir mes études en France où cette discipline a des anciennes traditions (l’expédition de Napoléon en Égypte, le déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion, les belles collections du Louvre, etc.).
Dès le départ, j’avais envie de faire de la science et d’enseigner à l’université. Quinze ans après, avec les diplômes nécessaires (Baccalauréat, Master, Doctorat) et une importante expérience acquise, j’ai obtenu un poste d’enseignante-chercheuse dans l’Institut des études balkaniques avec Centre de Thracologie auprès de l’Académie des sciences de Bulgarie.
Depuis, je dirige le projet de recherche Thrace et Égypte à l’époque gréco-romaine qui a pour objectif d’étudier les relations socio-culturelles entre l’Égypte et la Thrace durant l’Antiquité.
Quels sont les défis auxquels vous avez été confrontée en tant que femme de science et comment les avez-vous surmontés ?
J’ai surtout passé de moments difficiles quand je suis devenue mère. J’ai eu les problèmes habituels de toutes les femmes qui travaillent. Mais je ne pouvais pas laisser mes projets en cours et je n’ai jamais vraiment arrêté de travailler. Je dois toujours balancer entre le travail et les enfants, ce qui est parfois très difficile. D’autre part, devenir mère m’a obligée d’être beaucoup plus organisée et m’a donné une grande confiance en moi et dans mes capacités.
Quelle est votre plus grande réalisation dans le domaine de la science et comment cela a-t-il impacté la communauté scientifique ?
Pour le moment, il est encore tôt de parler de la plus grande réalisation, car je suis convaincue qu’elle est à venir. En plus, dans les sciences humaines, les résultats se voient avec le temps. Mon projet Thrace et Égypte à l’époque gréco-romaine est une belle réussite, car les relations entre les deux peuples anciens ont été négligées par la science bulgare depuis longtemps. Personne n’avait su voir leur complexité et leur caractère durable. Aujourd’hui, grâce à mes recherches, nous savons que ces relations étaient très développées et multiples, qu’elles étaient résilientes et avaient laissé des traces profondes dans les populations des deux pays.
Racontez-nous une anecdote qui vous a le plus marquée durant votre carrière de femme de science.
Il s’agit d’une anecdote récurrente qui n’est pas très drôle, ni même intéressante, mais malheureusement se répète souvent. Elle est condensée dans la phrase : « Tu ne peux pas, c’est trop difficile pour toi ! »
Quelle est votre vision pour l’avenir de la science, et comment pouvons-nous encourager plus de femmes à entrer dans les domaines scientifiques ?
Je pense que les femmes vont encore d’avantage s’orienter vers une carrière scientifique. Pas seulement dans le monde occidental, mais aussi en Asie et en Afrique. Notre monde se transforme avec une rapidité spectaculaire et les femmes participent très activement à ce processus à toutes les échelles. Leur place dans la société évolue, ainsi que dans la science et cela va surement avoir un impact sur la qualité globale de la recherche qui bénéficiera encore d’avantage par l’approche féminine et notre perception du monde.