Ketty Balthazard-Accou est enseignante-chercheure, Directrice adjointe de l’École Doctorale « Société et Environnement ». Titulaire d’un doctorat en microbiologie par l’université Picardie Jules Verne, elle coordonne le programme de formation doctorale en Environnement de l’Université Quisqueya (UniQ). Elle est également Responsable du programme sciences à la Commission nationale de coopération avec l’UNESCO et Coordonnatrice de l’Association Haïtienne « Femmes, Science et Technologie ».
Depuis plus de dix ans, le Docteur Balthazard-Accou milite à travers l’Association Haïtienne « Femmes, Science et Technologie » pour la reconnaissance des femmes scientifiques en Haïti et pour l’implication des filles dans les filières scientifiques.
Quels sont les principaux objectifs de l’association Haïtienne « Femmes, Science et Technologie » (AHFST) ?
Créée en novembre 2007, l’AHFST s’est fixée, entre autres, pour objectifs de favoriser l’adoption d’une politique pour les sciences en Haïti, d’encourager la participation des femmes dans l’enseignement supérieur et la recherche et de valoriser la contribution des femmes dans les programmes scientifiques.
La création d’une telle structure, sa mission et ses objectifs trouvent leur émanation dans les grandes lignes du programme international « Femmes et Science » de l’UNESCO et de l’Oréal, avec le rêvede voir un jour, dans les décennies à venir, une chercheuse haïtienne vivant et évoluant dans le système de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique en Haïti devenir la Lauréate pour les Amériques du prix L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science. Un tel objectif impose une nouvelle conception de la responsabilité collective en imposant aux femmes scientifiques haïtiennes de se lancer dans la mission de sensibiliser aujourd’hui les filles vers des filières scientifiques. C’est peut-être une autre façon pour les femmes-chercheures de voir la notion du développement durable en Haïti.
Cet objectif a également orienté les fondateurs de l’AHFST à cibler en quelque sorte les filières scientifiques retenues par l’Oréal-UNESCO pour constituer les divisions de ladite association. En effet, l’AHFST contient 3 divisions ainsi réparties :
- Sciences de la Vie (biologie, biochimie, médecine, etc.),
- Sciences de la matière et/ou exactes (physique, chimie, mathématiques, etc.),
- Sciences appliquées (géologie, hydrologie, hydrogéologie, sciences de l’environnement, sciences de l’agriculture, sciences de l’ingénieur, etc.).
Quelles sont les initiatives prises par l’AHFST dans le but de promouvoir les filières scientifiques auprès des jeunes filles ?
Mise à part l’attribution du prix national « Femmes, Science et Technologie », l’Association anime dans les classes terminales en Haïti des ateliers de formation en science et d’initiation à la recherche expérimentale. Des activités sur la compréhension du cycle hydrologique et la gestion de l’environnement sont proposées dans les écoles préscolaires. Et enfin, nous travaillons sur la réalisation d’un documentaire retraçant le parcours des femmes scientifiques en Haïti, en vue de proposer des « success stories » aux jeunes filles.
Comment estimez-vous la contribution des femmes scientifiques en Haïti ?
Il est peut-être très difficile aujourd’hui de procéder à cette estimation. En effet, l’absence de politique et de financement nationaux au bénéfice de la recherche scientifique pénalisent tous les chercheurs vivant en Haïti. Par ailleurs, au niveau mondial, la COVID-19 a des conséquences majeures sur la productivité des femmes scientifiques. Toutefois, il faudra quand même noter les efforts déployés par plusieurs collègues, notamment la contribution exemplaire de Marylise Rouzier dans le domaine de la médecine traditionnelle, les publications des collègues travaillant aux Centres GHESKIO. Les publications et les évaluations des articles pour acceptation dans les revues scientifiques internationales de Dr Judith Exantus. Toutefois il faut noter les publications de Magline Alexis et Daphnée Michel, des doctorantes Yolette Jérôme et Anne-Laurence Verret ainsi que les enseignements de Rose-Michèle Smith sur la rédaction scientifique, les travaux de Roberte Momplaisir, et le leadership mis en place par Anie Bras dans le management d’un laboratoire de recherche, pour ne citer que ces contributions et les considérer comme les résultats des actions volontaristes et pourquoi pas révolutionnaires des femmes scientifiques en Haïti dans un environnement hostile à l’activité scientifique.