Monsieur Rafael Sánchez Cardenas est le vice-ministre des relations internationales du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie en République Dominicaine. Il a reçu l'AUF en entretien le 14 octobre 2014.
Quels sont selon-vous les principaux enjeux et principaux défis des universités dominicaines et de votre ministère ? Quels sont les défis, les grands projets ?
En ce moment, les différents acteurs de la société en République Dominicaine se sont mis d’accord sur un pacte appelé Pacte pour l’éducation, lequel cherche à recadrer l’enseignement préuniversitaire et universitaire de la République Dominicaine, dans le but de le rendre plus efficace et en améliorer sa qualité.
Prenant l’éducation comme un système global, le corps enseignant en est un élément fondamental. Il y a donc tout un programme qui s’articule afin de requalifier l’enseignant qui est déjà dans notre système, mais aussi en formalisant les exigences faites aux Universités afin qu’elles apportent un nouvel élan au système d’enseignement national. En cela, nous soutenons le développement des filières de doctorat en pédagogie et en Sciences de l’Éducation au niveau national.
Aussi, dans les universités, il faut promouvoir la recherche pédagogique qui pourra influencer la qualité de l’éducation nationale. L’une des composantes primordiales de cette recherche concernerait la formation professionnelle. Pour cela, il serait bien de créer et d’augmenter le Fonds National de la Recherche, dédié au financement de la recherches et de l’innovation, et logiquement conçu comme un appui aux Universités, de manière que ces dernières puissent facilement accéder à ce Fonds et présenter des projets innovants pour la société.
Enfin, nous avons actuellement un grand projet de réforme de la réglementation y compris la Loi de l’enseignement supérieur, déjà ancienne de 14 ans. La réforme traitera notamment du financement de l’enseignement supérieur. Elle donnera aussi l’opportunité de formaliser les systèmes de certification et d’accréditation des institutions comme un élément clair de la qualité de l’éducation nationale. Ce sont deux points centraux de notre travail en cours.
Pouvez-vous nous exposer le cadre des relations internationales entretenues par le Ministère de lEnseignement supérieur, de la Science et de la Technologie et par les universités en République Dominicaine ? Notamment dans la zone Caraïbe ?
Au niveau régional, nous avons une relation très fructueuse entre les universités elles-mêmes et entre les ministères et les universités. Par exemple, dans le cadre de nos programmes de bourses internationales, nous avons des relations avec les universités de Porto Rico.
Le Ministère s’attache aussi à développer avec les universités haïtiennes et avec le Ministère haïtien de l’Éducation National, une relation de plus en plus étroite en termes de collaborations et d’échanges. Nous avons par exemple contribuer à l’émergence de l’Université de Limonade.
Nous avons une relation assez large avec Cuba. Il y a notamment des accords qui consistent à envoyer nos étudiants là-bas et à faire venir leurs professeurs chez nous. Nous pouvons ressortir par exemple les relations fructueuses que nous développons avec les universités telles que UNITEC, Université de la Havane, Université de Camagüey…
Au Honduras, nous avons une importante collaboration avec l’École panaméricaine et une collaboration sous forme d’assistance technique au profit de la Faculté d’Agronomie de la République Dominicaine.
Enfin, nous avons en ce moment des étudiants effectuant un doctorat au Venezuela.
De quels regroupements universitaires les universités dominicaines sont-elles membres afin d’échanger sur des problématiques communes ?
Les universités dominicaines participent à plusieurs associations d’universités en Amérique latine, depuis de nombreuses années. Il y a une conférence des recteurs au niveau national et les universités sont aussi présentes au niveau de l’Association internationale des recteurs et des universités de l’Amérique latine et également de l’Association d’Amérique du Sud des universités.
Ce sont toutes des associations interuniversitaires qui fonctionnent depuis de nombreuses années. Au sein de notre ministère, nous sommes en train de formaliser et de renforcer cette participation des universités dans les systèmes d’interconnexion régionales.
Quel intérêt représente pour vous la présence de l’AUF dans la Caraïbe en général et plus spécifiquement en République Dominicaine ? Quels partenariats envisagez-vous entre l’AUF et les universités dominicaines ? Quelles sont vos attentes ?
Brièvement, nous pouvons exprimer notre intérêt à renforcer notre programme d’enseignement du français, comme un mécanisme de bilinguisme qui nous permettra d’accéder aux connaissances francophones ainsi qu’aux grandes initiatives éducatives de la Francophonie.
Nous aimerions renforcer par exemple l’accueil d’étudiants francophones en République Dominicaine. Nous souhaitons aussi que votre Agence puisse apporter sa contribution au Congrès annuel de la Science et de la Technologie organisé chaque année par le Ministère. Nous serions intéressés que des scientifiques et des chercheurs francophones puissent participer à ce congrès, bénéficier de leurs apports et construire une recherche scientifique internationale commune. Ce sont des facteurs auxquels nous prêtons attention.
Aussi, l’AUF peut nous aider à renforcer nos relations avec Haïti avec qui nous souhaiterions stratégiquement collaborer. À moyen terme, nous nous intéressons aussi à voir comment développer des programmes nationaux en collaboration avec les universités et professeurs francophones. Ces échanges et collaborations sont très importants pour nous en visant à créer un espace de travail entre les chercheurs de la Francophonie et les chercheurs dominicains pour des travaux communs. Notre recherche local pourrait bénéficier de la recherche menée dans chaque pays et ainsi améliorer la qualité de notre enseignement supérieur.
Enfin, l’AUF pourrait aussi nous appuyer dans la formulation de politiques éducatives publiques.