Entretien avec Manon Louvet, responsable du Centre d’Employabilité Francophone – Campus Numérique Francophone (CEF-CNF) de Santiago de Chile, à l’Université Bernardo O’Higgins.
Quel est votre parcours académique et d’où est venu votre intérêt à travailler pour le CEF-CNF de Santiago de Chile ?
Ayant un intérêt marqué pour l’Amérique latine et ses différentes réalités, j’ai effectué un échange d’un an en Colombie. J’ai ensuite étudié les sciences économiques à l’université de Paris-Dauphine et les relations internationales à la Sorbonne. Ensuite, je suis allée au Chili et j’y suis restée parce que j’aime bien ce pays.
J’ai découvert l’AUF grâce à mon travail au CEF-CNF à l’Université Bernardo O’Higgins. Ce qui m’intéresse particulièrement, c’est cet aspect de connexion entre l’enseignement et la formation universitaires d’un côté, et ce qui est attendu sur le marché du travail de l’autre. Il existe un décalage entre le milieu académique et les compétences nécessaires, le savoir-faire dans l’entreprise et dans le monde professionnel. Cela me touche particulièrement parce qu’il n’est pas non plus facile d’entrer dans le monde professionnel. J’ai eu l’occasion d’avoir plusieurs expériences professionnelles et expériences au sein d’associations étudiantes. J’y ai acquis des aspects complémentaires à ma formation académique et sans ces expériences formatrices et transformatrices, je n’aurais pas ma place sur le marché du travail.
Grâce au CEF-CNF de Santiago, nous pourrons offrir cette expérience à un plus grand nombre d’étudiantes et étudiants.
Quelles sont les activités que vous y avez développées ?
Les activités que nous développons au CEF-CNF de Santiago de Chile se concentrent sur deux axes. Le premier axe est l’insertion professionnelle par le développement des compétences, le soutien à l’entrepreneuriat et les rencontres avec des professionnels. Le deuxième est la promotion de la langue française et la consolidation de l’apprentissage du français au sein de l’université, parce que nous sommes dans un contexte majoritairement hispanophone au Chili.
Sur le volet de l’employabilité, nous avons lancé un projet pilote avec l’école de journalisme pour des cours de français orientés vers ce domaine d’études. L’idée était de guider et de créer un projet pédagogique global pour ces étudiants qui apprennent le français et qui auront l’occasion, grâce à la mobilité et à l’accompagnement dans leur apprentissage, de le mettre en pratique pour faciliter leur insertion professionnelle. Il s’agit d’une initiative qui a été pensée de manière intégrale.
Nous avons aussi développé un programme avec le département de l’entrepreneuriat et du transfert d’innovation de l’université, le programme Innova-UBO. Nous avons organisé des réunions « Inspirer et Entreprendre » avec des fondateurs d’entreprises qui peuvent partager leur expérience avec les étudiants.
Sur l’axe francophone, nous avons organisé de nombreux événements culturels pour promouvoir la culture francophone au sein de la communauté universitaire, à l’intérieur et à l’extérieur de l’université, et nous avons une émission de radio appelée Ruta Francófona. Nous avons eu plusieurs événements de grande envergure, comme le concert d’une artiste chilienne qui chante en français et qui a repris tout un répertoire d’Édith Piaf, ce qui a été un grand succès avec plus de 150 participantes et participants. Nous avons également réalisé d’autres événements culturels liés à la formation des étudiantes et étudiants ainsi qu’à la coopération avec des institutions partenaires, notamment avec l’Institut français du Chili et les délégations générales Wallonie-Bruxelles.
Nous avons également le Café Frañol, développé en partenariat avec le club Frañol du réseau CLÉF. Il s’agit d’un événement pour la pratique du français qui a lieu tous les quinze jours avec les étudiants.
Quelles nouvelles activités lancerez-vous en 2023 ?
En 2023, nous souhaitons consolider les activités lancées en 2022. Nous allons enrichir le programme Innova UBO, en y incluant des ateliers sur le développement des compétences non techniques et des ateliers sur leur mise en pratique. L’idée est de soutenir le développement de compétences et de pouvoir aborder des outils utiles à l’emploi avec des professionnels qui animent ces ateliers, pour donner une expertise concrète aux étudiants.
Nous prévoyons également de célébrer la Francophonie à grande échelle à l’occasion de la Journée de la Francophonie, le 20 mars. Nous allons soutenir et développer le club Frañol. Pour ce qui est de l’aspect du français professionnel ou des cours orientés vers le français professionnel, nous espérons continuer avec l’école de journalisme et ouvrir une autre promotion au 2e semestre 2023, puis étendre ce projet à une autre école que nous avons, l’école de réalité virtuelle.
« Il est très intéressant de pouvoir partager les défis qui nous unissent sur le territoire en lien avec la Francophonie »
Quelle dynamique internationale souhaiteriez-vous créer à partir du CEF-CNF ?
En 2023, nous comptons poursuivre sur la lancée instaurée en 2022 et miser sur la dynamique internationale créée par la mise en réseau des CEF-CNF de la région. Il sera fort intéressant de pouvoir partager les défis qui nous unissent dans la région, notamment par rapport à la pratique du français, mais aussi de pouvoir réfléchir à des événements à l’échelle régionale, en ligne ou en personne. Grâce à ce réseau, on pourra réfléchir à des événements qui pourraient avoir un rayonnement sur tout le continent pour nos étudiantes et étudiants, ainsi que pour les communautés académiques ou de recherche.
J’espère aussi que la consolidation du réseau facilitera les partenariats entre universités.