Créé en septembre 2017, le Bureau de la responsabilité sociale de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, n’a pas lésiné sur les mesures et initiatives à prendre afin d’assurer le maintien des programmes de formation des étudiant.e.s en cette période de la COVID-19. Piloté par son Directeur, le Dr Ahmed Maherzi, le Bureau a opté pour des approches novatrices dans un contexte névralgique. Entretien.
Dr Maherzi, qu’est-ce qu’on entend par « responsabilité sociale » d’un point de vue universitaire?
La responsabilité sociale est une obligation pour la Faculté de réorienter ses programmes de formation, de recherche et de soins vers les préoccupations prioritaires de santé de la population qu’elle est amenée à servir. Et généralement l’appréciation des besoins prioritaires de santé, doit être fait dans le cadre d’un partenariat rassemblant tous les acteurs de la santé que ce soit les décideurs, les autres professionnels, mais aussi la société civile.
Notre mandat au Bureau de la responsabilité sociale à la Faculté de médecine, va un peu dans ce sens-là. C’est d’abord, identifier les problèmes prioritaires de santé avec les partenaires, patients et citoyens, et à partir de là, restructurer nos programmes. Une fois fait, nous évaluons l’impact de toutes nos actions sur la santé de la population.
Quels sont les principaux défis auxquels la Faculté de médecine de l’Université de Montréal doit faire face pendant la pandémie?
On s’est retrouvé confronté à un double défi. D’une part il fallait adapter les programmes de formation, d’enseignement, de stages, de recherche et d’évaluation pour permettre aux étudiants de terminer leur année universitaire.
Et d’autre part, on avait le défi de s’engager socialement en mobilisant nos membres pour soutenir la population et plus particulièrement les personnes les plus vulnérables. Notre Faculté a pris des mesures visant ces deux objectifs.
Quelles sont les mesures qui ont été mises de l’avant en ce qui concerne le maintien de la formation et de la recherche?
Avec la distanciation sociale, les étudiants ne pouvaient plus se rassembler dans les unités d’apprentissage, les amphithéâtres ou les salles, pour résoudre les problèmes de façon interactive ou discuter en petits groupes; c’est ce qu’on appelle les apprentissages par problèmes.
La décision qui a été prise, c’est de basculer très vite l’intégralité du programme du 1er cycle vers des enseignements en ligne. Même les examens sont assurés en ligne. Cette démarche a permis la continuité de la formation et la mise à jour de son contenu de façon aussi profitable que possible.
En médecine le côté pratique de la formation est primordial. Comment vous êtes-vous adaptés?
C’est là où résidait le plus grand défi. Le plus grand nombre de facultés de médecins à travers le monde a opté pour la suspension des stages cliniques pour les étudiants. Car on sait que les étudiants peuvent potentiellement propager le virus lorsqu’ils sont asymptomatiques et qu’ils peuvent l’acquérir aussi. Donc à partir de ce moment-là on a mis en place des initiatives un peu novatrices pour pallier cette situation. Parmi ces initiatives est l’usage des techniques d’apprentissage en ligne basée sur des problèmes, des cas cliniques virtuels impliquant des étudiants, ainsi que le développement de la télésanté.
Ça, c’est vraiment un défi important et ça va nous amener par la suite à peut-être revoir le rôle des étudiants dans leur environnement clinique en de telles situations.
Quelles sont les mesures concrètes qui ont été privilégiées sur le plan de l’engagement social?
Suite à une demande du Premier ministre François Legault aux facultés de médecine, notre Doyenne Dre Hélène Boisjoly a fait un appel aux étudiants, aux enseignants et au personnel qui souhaitaient contribuer volontairement dans les Centres d’hébergement et de soins de longue durée ou encore aux soins aux patients en dehors des CHSLD.
Il y a un bon nombre de finissants et finissantes au doctorat en médecine qui se sont portés volontaires pour contribuer à cet effort collectif qui est plus que nécessaire.
Un autre exemple d’action, c’est un groupe d’étudiants qui est allé grossir les rangs des équipes en santé publique. Ils ont fait le suivi auprès des personnes qui avaient été testées pour la COVID-19 et ont pris des appels de demande d’information.
Il y a aussi eu une diffusion de capsules vidéo de sensibilisation qui sont destinées aux citoyens, aux professionnels de la santé, particulièrement en santé mentale et aux minorités visibles comme les communautés autochtones par exemple.
Que retenez-vous de cette expérience inédite jusqu’ici?
Pour la Faculté de médecine, cette pandémie constitue une expérience assez unique de laquelle nous allons essayer de tirer des leçons pour mieux nous préparer à répondre au prochain défi en santé, qui pourrait subvenir dans un proche avenir. Et dans ce cadre-là, pour nous les mots clés qui doivent ressortir sont l’anticipation, l’engagement, la solidarité et le partenariat.