Denise Pires De Carvalho, rectrice de l’université Fédérale de Rio de Janeiro au Brésil, discute des défis d'être femme en milieu universitaire.
Pourquoi avez-vous choisi une carrière académique dans la recherche et la direction d’université ?
Pendant mes études, dans le cours de médecine de l’UFRJ, j’ai eu l’honneur d’étudier avec des professeurs-chercheurs, des scientifiques de renommée internationale, qui utilisaient la méthode de la redécouverte pour enseigner. Je me suis intéressée à la méthodologie scientifique et j’ai commencé un stage d’initiation scientifique à la fin de ma deuxième année, et je n’ai jamais quitté les activités de production de connaissances depuis lors. J’ai continué à enseigner, en me consacrant exclusivement à l’université, en travaillant sur des projets de recherche et des projets tournés vers les populations de la ville.
Progressivement, je me suis impliquée de plus en plus, dans l’enseignement et l’administration de l’université, peut-être par vocation.
En tant que femme, quel est l’un des plus grands défis auxquels vous êtes confrontée dans votre activité professionnelle ?
Veiller à ce que je sois aussi respectée que les recteurs de genre masculin qui m’ont précédée. Ce n’est pas une tâche facile. Le machisme est structurel et est encore très présent de nos jours. Nous traversons une crise sanitaire majeure et je crois que notre université va de l’avant malgré cela. Les avancées et le succès de mon administration sont dus en grande partie à mon équipe, qui est très engagée. Cependant, jamais auparavant un recteur de l’UFRJ n’avait reçu autant de lettres ouvertes sur ces différentes questions. Je pense que cela est dû au fait qu’une partie de la communauté n’a pas encore compris qu’une femme peut être aussi compétente, voire plus compétente, qu’un homme. Ces lettres, que je reçois avec grand plaisir, traitent en général de questions déjà résolues ou faciles à résoudre, mais je me demande pourquoi mes prédécesseurs masculins n’ont pas rencontré ce type de phénomène.
Quelle est l’une de vos plus grandes fiertés ?
L’affrontement de la pandémie COVID-19 par l’UFRJ est une source de grande fierté. Nos recherches et nos actions de solidarité dans la région au cours de ces deux années ont démontré à la société la valeur et l’importance des universités publiques. Nous avons effectué des tests COVID gratuits, ouvert des lits COVID, produit des alcools, des EPI et vacciné une grande partie de la population. La communauté universitaire s’est impliquée comme jamais auparavant pour répondre à des problèmes fondamentaux des populations de Rio de Janeiro, Caxias et Macaé.
Que diriez-vous aux filles et aux femmes pour les encourager à faire carrière en sciences?
La place d’une jeune fille et d’une femme est là où elle le veut. Cela peut paraitre simpliste, mais c’est la réalité. Cela doit être notre réalité. Ne baissez pas les bras et n’abandonnez pas lorsque vous rencontrez des obstacles, car ils existent et ils ne sont pas faciles. Puissiez-vous devenir plus fortes à chaque défi et en ressortir encore plus persévérantes pour atteindre vos objectifs. Ne vous laissez pas réduire au silence. Parlez de plus en plus fort. Faites. Vous pouvez, nous pouvons. Parfois, nous plions mais nous ne cassons pas, parce que nous sommes malléables, adaptables. Nous ne devons pas être rigides, car la rigidité peut entraîner la cassure.