Issue d’un parcours dans les domaines de la linguistique appliquée et de l’enseignement des langues, Prof. Mayra Rodriguez dirige depuis avril 2023 le nouveau Centre d’Employabilité Francophone (CEF) de Cochabamba (Bolivie), situé dans les enceintes de l’Université Mayor de San Simon (UMSS). Celle-ci nous brosse son portrait.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
J’ai réalisé l’ensemble de mes études en français où j’ai débuté par un parcours en linguistique appliquée pour ensuite enseigner les langues au sein de mon lieu de travail actuel, l’Université Mayor de San Simon. Une fois mon diplôme de baccalauréat obtenu, j’ai travaillé dans plusieurs écoles en tant que professeure, principalement de quechua (langue originelle à Cochabamba) et d’anglais. En parallèle, ces années d’expériences en enseignement supérieur m’ont permis de renforcer mon apprentissage du français. Par la suite lors de mon master, j’ai bénéficié d’un projet de mobilité de deux ans à Genève, en Suisse, grâce à une bourse accordée par la Fondation universitaire Simón I. Patiño*. J’ai eu l’opportunité de réaliser mon cursus en sciences de l’éducation à l’Université de Genève, qui s’est terminé avec la réalisation de ma soutenance sur le nouveau modèle éducatif bolivien mis en place à partir de 2013. Vers la fin de l’année 2018, je suis retournée en Bolivie et j’ai été invitée par le programme de linguistique appliquée pour donner des cours en français. C’est à partir de ce moment que j’ai rejoint officiellement l’institution pour y travailler. C’est en 2022, lors de la signature du partenariat avec l’AUF pour la création du CEF, que je deviens responsable de la structure.
Quel est votre rapport à la Francophonie ?
La Francophonie me tient vraiment à cœur. Mon expérience de mobilité en Suisse m’a donné l’opportunité d’enfiler la casquette de la francophonie, et mon poste actuel au CEF de Cochabamba me permet de promouvoir la langue française au quotidien. À Genève, j’ai eu la chance de rencontrer personnes issues de milieux divers, européens comme africains, avec qui j’ai établi de vrais liens amicaux. Afin d’entretenir quotidiennement ma relation avec la langue française, je m’ouvre aux différences régionales et d’usage de la langue, -comme les accents, via la radio et la télévision belges et québécoises. Ici, à Cochabamba, le problème qui réside dans le système éducatif universitaire est la suivante : l’idée voulant que la francophonie ne se résume qu’à la France. Or, l’usage du français est différent en fonction des pays, en plus d’être largement pratiqué à travers le monde… d’où mon souhait de l’enseigner aux étudiant.e.s.
Le Centre d’Employabilité Francophone de Cochabamba sera inauguré le 8 avril 2024. Comment envisagez-vous la programmation des activités en adéquation avec le contexte bolivien ?
Dans la mesure où nous sommes situés en plein cœur des infrastructures universitaires de linguistique et d’humanités, nous attirons en grande partie des étudiant.e.s de ces cursus. Cependant, je tiens à insister sur le fait que les activités du CEF sont destinés aux étudiant.e.s de tous les cursus.
L’année passée, nous avons commencé les activités en lien avec la Francophonie. Actuellement, nous animons aussi un club de conversation en français et nous organisons chaque semaine des projections de films. En parallèle, à l’image du club Franol de l’UBO au Chili, nous sommes en plein processus de création d’un club étudiant au sein de notre structure. Cette proposition de projet a d’ailleurs généré de nombreux retours positifs de la part des étudiant.e.s francophones de l’Universidad Mayor de San Simo. En ce qui concerne le pôle entrepreneurial, le CEF bénéficiera, au cours du second semestre, d’une formation hybride en éducation financière, offerte par une entreprise. Aussi, nous favorisons l’insertion professionnelle à travers la mise en place d’ateliers animés par des expert.e.s, pour permettre aux étudiant.e.s de développer diverses compétences, comme l’élaboration de CV et la rédaction de lettre de motivation. Enfin, le CEF collabore avec Campus France (Bolivie) afin d’informer les étudiant.e.s sur les différentes opportunités de mobilité étudiante.
*Créé en 1931 à la Paz (Bolivie) par l’industriel bolivien Simón I. Patiño (1860-1947), cette bourse avait pour objectif de former des professionnels locaux pour répondre au manque de qualification en Bolivie, et ainsi réduire sa dépendance vis-à-vis des spécialistes étrangers.