#Bénin : Le désenclavement scientifique et numérique, un enjeu de taille – Interview de M. Abdoulaye Salifou

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A l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la francophonie, le 20 mars prochain, le Campus numérique francophone de Cotonou, opérateur direct de l’Agence universitaire de la Francophonie, a initié une formation au profit des professionnels des médias du Bénin. Le directeur du Campus numérique de l’Agence universitaire de la francophonie au Bénin, Dr Salifou Abdoulaye également Chef de projets du bureau régional Afrique de l’Ouest à Dakar, revient sur les grandes lignes de cette formation, tout en levant un coin de voile sur la célébration de la Journée internationale de la francophonie qui sera célébrée le 20 mars prochain ainsi que sur la 16ème assemblée générale de l’Agence universitaire de la Francophonie qui se tiendra du 7 au 10 mai prochain au Brésil.

Propos recueillis par Didier Houndénou ( L’Autre Quotidien ).

Pouvez-vous nous dire un mot sur votre organisation?

Opérateur direct de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), avec près de 800 établissements d’enseignement supérieur, répartis sur les cinq continents, entend contribuer à la construction et à la consolidation d’un espace scientifique de la langue française en favorisant la coopération scientifique, formant des futurs acteurs de développement, soutenant la recherche et l’excellence, et partageant l’expertise. Ses objectifs stratégiques pour la programmation en cours (2010-2013), est : soutenir les stratégies de développement des établissements membres, faire de la communauté scientifique une référence sur la scène internationale, faire émerger une génération d’enseignants, de chercheurs, d’experts et de professionnels acteurs de développement. Pour atteindre ces objectifs, l’Agence a adopté une approche projet, assortie d’une déconcentration accrue en faveur des implantations régionales. Aujourd’hui, l’AUF soutient les seuls projets qui correspondent à des besoins clairement définis par ses membres, limités dans le temps. Ils sont soumis à une évaluation.

Qu’est-ce qu’un Campus Numérique Francophone?

Un Campus numérique francophone de plein exercice peut être décliné en deux grandes composantes. De prime abord, un Campus numérique francophone est la représentation de l’Agence universitaire dans un pays qui n’héberge pas un bureau régional. C’est le cas du Bénin. A ce titre, il déploie sur le pays, tous les projets et actions de programmes de l’AUF. Point de relais des activités de l’Agence au Bénin, le Campus numérique Francophone de Cotonou, intervient notamment dans les domaines d’appui à la coopération-interuniversitaire, d’appui à l’organisation des manifestations scientifiques et à la publication, du soutien à la mobilité des enseignants chercheurs et des étudiants, d’aide au renforcement des écoles doctorales, de soutien à la modernisation des institutions universitaires à travers ses projets en matière de gouvernance universitaire et aide à l’insertion professionnelle des jeunes diplômés.

Ensuite, un Campus Numérique Francophone est un plateau technique de l’Agence universitaire de la Francophonie. Implanté au cœur même des universités, ces structures techniques poursuivent plusieurs objectifs. Il s’agit de favoriser dans les établissements du Sud l’Appropriation des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) et répondre ainsi à des besoins aigus et pressants de formation, de production de contenus pédagogiques, de mise en réseau, de circulation de l’Information Scientifique et Technique. Améliorer les performances des universités du Sud en favorisant le développement et les partenariats avec les établissements du Nord et du Sud, dans la perspective d’un enrichissement mutuel, accompagner la réflexion des universitaires sur le rôle et la place des technologies éducatives dans l’enseignement supérieur en leur permettant d’expérimenter de nouvelles pratiques pédagogiques et promouvoir les logiciels libres grâce aux formations « transfer » et aux Centres Linux et Logiciels Libres pour le Développement font également partie des objectifs du Campus numérique.

Pour répondre avec efficacité à sa principale mission à savoir le désenclavement scientifique et numérique, le Campus Numérique francophone de Cotonou dispose en son sein d’un Centre d’accès à l’information qui est destiné à aider les étudiants, les chercheurs et les professeurs dans leurs démarches de recherche d’information scientifique et technique. A cela, il faut ajouter une salle de ressources dédiée à des formations présentielles, à des formations ouvertes et à distance, mais aussi à la production de contenus. Parlant de production de contenus, je voudrais signaler ici que plusieurs enseignants chercheurs de l’Université d’Abomey-Calavi ont participé à la phase pilote du projet Télévision numérique des savoirs en réalisant des productions audiovisuelles numériques sur les matières qu’ils enseignent au sein de leurs établissements respectifs.

Sous quel signe sera placée cette année, la Journée Internationale de la Francophonie?

Comme l’a si bien indiqué, le Président Abdou Diouf, Secrétaire Général de l’Organisation internationale de la Francophonie, cette journée sera placée sous le signe de la Fraternité. Mais aussi, sous le signe des principes et des valeurs, de la démocratie, des droits de l’homme et de la paix. En effet, sans paix, il ne peut y avoir de développement durable. L’État de droit, la promotion de la démocratie, la prévention de conflits au sein de l’espace francophone, la régulation et l’éthique en matière économique et financière, sont évidemment des valeurs fondamentales que défende la Francophonie institutionnelle et universitaire. Dans le même temps, il est clairement établit par tous les opérateurs de la Francophonie, y compris l’Agence universitaire de la Francophonie, que la promotion de la diversité culturelle et linguistique doit contribuer à la revalorisation des langues nationales et que le français doit cultiver sa relation aux autres langues du monde, l’espagnol, l’arabe, le portugais etc.

Cette diversité culturelle doit se manifester également au plan universitaire, car dans le domaine scientifique plus qu’ailleurs, l’anglais est dominant, l’AUF, de par ses Projets Horizons francophones, ses pôles régionaux d’excellence entend réduire le fossé scientifique qui sépare le Sud du Nord. C’est pour cette raison qu’elle attribue des subventions aux centres de recherche qui le méritent afin de faire avancer la science en Français. C’est également pour cette raison qu’elle offre en moyenne 2000 bourses de mobilités et 800 allocations d’études à distance à la communauté universitaire. C’est enfin, pour faire évoluer la situation qu’elle lance plusieurs dizaines d’appels d’offres par an portant sur les projets de recherche ayant un impact sur le développement. Par exemple la recherche sur un vaccin contre le paludisme vendu à bas prix offre un exemple de thème prioritaire pour l’Afrique, mais peu motivant pour les équipes de recherche américaines et européennes, puisqu’une découverte sur cette maladie n’aurait pas de rentabilité immédiate.

Pourquoi un séminaire de formation sur le thème « Les Journalistes et la Société de l’Information »?

Les nouveaux réseaux de communication constituent aujourd’hui un véritable défi pour le journalisme. Internet et les TIC bouleversent en effet la recherche, la production et la diffusion de l’information, en un mot la culture numérique a envahi le journalisme. L’adaptation nécessaire cède la place à l’innovation technologique. Les journalistes ne se contentent plus de mettre en ligne une simple réplique électronique des versions imprimées, mais exploitent la logique du réseau pour créer un nouvel outil de communication, le journal en ligne.

De surcroît, l’irruption des TIC dans le journalisme soulève une panoplie de défis qui traduisent les enjeux économiques, politiques, juridiques et sociétaux du cyber journalisme, et de la Société de l’Information. Quid de l’application du droit d’auteur sur le réseau Internet avec le développement du Web 2.0? Quid des enjeux économiques qui opposent les journalistes en ligne aux éditeurs de presse ? Quid de l’énorme responsabilité qui pèse sur les journalistes du fait de la fluidité de la diffusion de l’information à une vitesse inégalée jusqu’à ce jour ?

Les objectifs de cette formation tourne autour de la maîtrise des enjeux de la société de l’information, se familiariser avec les principes qui encadrent le droit d’auteur à l’ère du numérique, du savoir utiliser toutes les fonctionnalités du Web 2.0 en vue d’accroître la production de contenus francophones sur le réseau Internet et maîtriser les techniques de publication d’articles en ligne sous le logiciel SPIP.

Vous l’avez noté, l’AUF s’est engagée depuis plus de deux décennies dans la vulgarisation des TIC au profit de la communauté universitaire francophone du Sud. Dans cette bataille pour réduire le fossé digital, notre Agence a fait le choix d’intensifier l’utilisation et la promotion des logiciels libres.

En effet, il est prouvé aujourd’hui que ces logiciels tels que SPIP, Système d’exploitation Linux et PHP MySqL, sont aussi performants que certains logiciels propriétaires commercialisés à plusieurs dizaines de milliers de francs CFA et dont les licences sont à renouveler tous les 3 ou 4 ans. Dans ces conditions, l’utilisation et la promotion des logiciels sont devenues des questions d’enjeux politiques économiques et sociétaux qui ne doivent pas laisser indifférents les décideurs au niveau universitaire, mais également la société toute entière. Les logiciels libres peuvent constituer de véritables leviers pour le développement durable.

L’AUF tient cette année sa 16éme Assemblée générale. Pouvez-vous nous dire un mot sur ce grand rassemblement des dirigeants des institutions universitaires membres de l’AUF?

L’Assemblée générale est l’instance suprême de l’Agence. C’est un moment unique dans la vie de notre organisation, pour reprendre une expression chère au Recteur de l’AUF, le Professeur Bernard Cerquiglini. Elle réunit tous les quatre ans, les recteurs, présidents et directeurs des institutions universitaires membres de l’Agence. C’est un moment clé de la vie de l’AUF en ce sens, que c’est au cours de cette instance, que l’Agence procède à l’élection de son président.

La 16ème Assemblée générale de l’AUF, se tiendra du 7 au 10 mai 2013, à São Paulo au Brésil. Le Bénin sera représenté par les Recteurs des universités d’Abomey-Calvi et de Parakou. Ce sont 780 universités de 98 pays différents dont la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud, le Bénin qui sont conviées à cet évènement majeur. Occasion unique de se retrouver, d’échanger, de se mobiliser et de débattre autour de problématiques communes qui touchent la Francophonie universitaire de demain.

Elle sera placée, cette année sous le thème de « l’université, moteur du développement des sociétés », l’agenda de cette assemblée est riche en activités. Au programme, la mise à jour des statuts de l’agence, des ateliers scientifiques articulés autour de grands défis touchant les universités et l’enseignement supérieur, marchandisation et massification de l’enseignement supérieur, financement des universités, professionnalisation des formations, échange de bonnes pratiques de gouvernance, place du numérique éducatif. Ils donneront lieu à une déclaration finale faite de recommandations ; la Francophonie universitaire y fera entendre sa voix. Des expositions, des activités socioculturelles, des rencontres conviviales et des possibilités de réseautage. Le tout favorisant les échanges et le développement de partenariats.

Interview disponible sur le blog de M. Didier Houndénou

Date de publication : 18/03/2013

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