L'Antenne Afrique des Grands Lacs (AAGL) se propose de faire désormais un arrêt sur une personnalité de la région. Ci-après l'entretien mené auprès de M. Didace Kaningini, Chef de département de français à l’Institut supérieur pédagogique (ISP) de Bukavu en République démocratique du Congo (RDC), et par ailleurs Responsable du Campus numérique francophone partenaire (CNFP) de Bukavu.
AAGL:Pouvez-vous nous présenter le département de français de lISP, en quelques mots ?
Didace Kaningini: Le département de Français-Langues africaines est le plus vieux département (51 ans dexistence) de lISP/ Bukavu, anciennement Ecole normale moyenne, cest-à-dire une école supérieure chargée de la formation des enseignants. Il a porté plusieurs dénominations : Français-Histoire, Français-Linguistique africaine et aujourdhui Français-langues africaines. Cette année, le département compte 190 étudiants.
Le finaliste du département dispose de trois compétences : la composante littérature (française, étrangère et orale), la composante étude de la langue et de la linguistique (ethnolinguistique, sociolinguistique, etc.) et la composante pédagogique (méthodologie et didactique du français et des langues africaines).
AAGL: Quelles sont les différentes actions de lAUF auxquelles vous avez contribué et participé ?
DK: En premier lieu, jai collaboré à linstallation du Campus numérique francophone partenaire de Bukavu qui est hébergé à lISP. Je suis responsable de cette structure créée en octobre 2012.
En tant que Chef de département de français, jai participé à différents évènements organisés par lAUF. Jai assisté au colloque des départements universitaires de langue et de français de lAfrique centrale, Afrique de lEst et des Grands-Lacs à Butaré (Rwanda) en mars 2012, et quelques mois plus tard, je participais au séminaire des responsables des départements de français à Yaoundé (Cameroun). Plus récemment, le CNFP a également accueilli deux ateliers transfer. Le premier sur la recherche documentaire scientifique, le second sur Linux.
Dun point de vue personnel, jai bénéficié du soutien de lAUF dans le cadre de mon troisième cycle en Didactique des disciplines. Ce diplôme de lISP a été appuyé par lAUF en 2012-2013. Dans ce cadre, jai notamment bénéficié dun séjour de perfectionnement recherche à Lubumbashi qui a largement contribué à la production de mon mémoire de 3ème cycle. Je publie aussi des articles dans la revue Synergies Afrique des Grands-Lacs.
AAGL: A lISP, et plus particulièrement au département de français, quels sont les chantiers prioritaires au niveau de lenseignement et de la recherche en français ?
DK: Trois dossiers sont prioritaires : (a) la didactique de linterculturel dans lenseignement du français, (b) la problématique de coexistence du français et des langues nationales dans les interactions verbales et dans la situation des classes (c) lintroduction des TIC dans lenseignement du français. Il faut noter que toutes ces recherches sont inscrites dans le cadre des études du 3ème cycle en didactique des disciplines ouvert à lISP/ Bukavu, depuis deux ans maintenant.
AAGL: Comment lexpertise de lAUF peut vous aider dans latteinte de ces objectifs ?
DK: En appuyant la mobilité des experts, le perfectionnement à la recherche-formation et la recherche doctorale. Lappui de lAUF au 3ème cycle de lISP en Didactique des disciplines a participé à cet effort. Léchange dexpérience entre les universités membres et lISP/Bukavu tout comme la multiplication des formations Transfer sont dautres projets intéressants à mettre en place avec lAUF.
AAGL: Le réseau des départements universitaires de français a été créé en 2012. Comment ce réseau est utile dans vos fonctions ? Quelles améliorations et actions pourraient être apportées ?
DK: Lexistence de ce réseau est important pour la circulation des informations et laccessibilité à des publications récentes. La participation à des appels à contributions permet aussi de se mettre au standard dans la compétition scientifique avec les autres universitaires francophones et de publier des travaux (cf. Synergies, HAL,etc.).
AAGL: Vous êtes aussi le responsable du CNFP de Bukavu. A ce titre, quels ont été les apports de cette implantation pour lISP et au-delà, pour la communauté universitaire de Bukavu ? Quels sont les projets pour 2014 ?
DK: LISP est la plus vieille institution denseignement universitaire dans lancien Kivu. Mais il est resté dépendant de la coopération du Nord dans laccès à linformation documentaire et la disponibilité des enseignants. Aujourdhui, la donne est en train de changer avec les ressources documentaires mises à la disposition des enseignants-chercheurs au CNF. Il est possible daccéder à des nouveaux documents et livres nécessaires à la conception des cours. Et même si tout le monde nest pas encore engagé, on sent quand même des changements dans le renouvellement de la documentation, ce qui facilite la rénovation de la conception des cours.
Il y a également le plus apporté par les formations transfer dans lactualisation des données. Pour 2014, nous comptons fournir plus dopportunités aux doctorants et ajouter plus de temps pour les étudiants qui pourront désormais travailler au-delà de 18 heures et toute la journée du samedi (lISP applique la semaine anglaise, ndlr). De plus, la formation en français fondamental accompagnera la formation en informatique.
AAGL: Quels sont vos attentes par rapport à lAUF ?
DK: LAUF doit continuer dappuyer le CNFP tout en consolidant ses capacités. Il faut également renforcer la mobilité des enseignants et les échanges dexpériences entre universitaires francophones de tous horizons.
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