« Briser les barrières entre l’université et l’entreprise pour créer une coopération efficace et durable »

Prof ETAME

L’AUF en Afrique centrale et Grands lacs organise les 10 et 11 mars 2020 à Kinshasa (République démocratique du Congo), son premier colloque régional sous le thème « Comment construire une coopération efficace et durable entre l’université et le monde socio-économique ? ».
Rencontre avec Jacques Etame, Président du conseil scientifique du colloque.

L’AUF organise en mars prochain son premier colloque régional en Afrique centrale et Grands Lacs sous le thème « Comment construire une coopération efficace et durable entre l’université et le monde socio-économique ? ».  En tant que président du conseil scientifique du colloque, quel est votre regard, d’abord sur cet événement et ensuite sur le choix de cette thématique ? 

Encore trop peu développés, les liens durables que peuvent tisser le couple université-entreprise sont porteurs d’espoirs et constituent un excellent levier de l’employabilité et de l’insertion des diplômes. Pour y parvenir, il serait important de briser les barrières, d’éliminer les préjugés – la première se croit supérieure et la seconde seule créatrice de richesse – de faire en sorte que les deux acteurs marchent l’un à côté de l’autre…et pour parler prosaïquement, que chacun trouve y son intérêt.

La mise en place des synergies favorables à la fois à la compétitivité des entreprises et à l’efficacité de la formation professionnelle est salutaire. L’efficacité et la durabilité de cette co-construction doit tenir compte de la vision et de la volonté convergente des deux acteurs. C’est fort de cela que l’élaboration commune d’un écosystème innovant à l’instar des plateformes, tenant compte des territoires, me paraît idéal.

Quels sont selon vous les enjeux liés à la construction d’une coopération efficace entre les universités et leur environnement socio-économique au Cameroun et de façon plus élargie pour les pays de la région Afrique centrale et Grands lacs de l’AUF ? 

Le continent africain, en l’occurrence la région Afrique centrale et Grands lacs, compte le plus grand nombre de jeunes en âge de travailler soit environ 30 % de la population. Le chômage des jeunes y représente un véritable danger pour la paix sociale et une cause directe de la fuite des cerveaux et de l’émigration massive. Le marché dans la région Afrique centrale et Grands lacs est actuellement caractérisé par :

  • un secteur informel dominant, principal pourvoyeur d’emplois ;
  • un chômage de première insertion qui affecte surtout les jeunes et les diplômés de l’enseignement supérieur ;
  • une nette préférence de l’emploi salarié par rapport à l’emploi indépendant ;
  • un secteur formel étroit et peu développé technologiquement.

Quels en sont les défis, notamment pour l’université dans son rôle d’opérateur du développement local et global ?

Un des défis importants est l’inadéquation entre les offres de formation et les besoins réels du marché du travail.  Il faut prendre en compte dans l’offre de formation, les besoins socio-économiques de l’environnement local ou national. On peut aussi évoquer l’incapacité du tissu économique à absorber les diplômés de l’enseignement supérieur (surqualification). Il faut donc penser à développer la culture et la pratique de l’entrepreneuriat.

La professionnalisation de l’enseignement supérieur sur lequel les États ont misé, doit doter les diplômés de capacités directement opérationnelles sur le marché du travail et exploitables dans le cadre d’une création d’activité ou d’entreprise. Cela nécessite d’intensifier le dialogue entre le monde académique et les milieux économiques.  La professionnalisation doit non seulement compter sur des enseignants de haut niveau mais surtout s’appuyer sur un équipement pédagogique de pointe aligné sur celui utilisé par les entreprises ou au-delà. L’université doit enfin répondre aux grands défis sociétaux, en incitant les universitaires à participer à la construction des politiques publiques ou aux diagnostics de phénomènes complexes.

Un dernier mot pour conclure ?

En félicitant les organisateurs de ce colloque, je voudrais émettre le vœu que les résultats constituent entre autres un facteur du développement de la culture scientifique et technologique et un renforcement de l’internationalisation des compétences dans la région Afrique centrale et Grands lacs de l’AUF.

Membre du Bureau du Conseil scientifique de l’AUF, Président de la commission régionale d’experts de l’AUF en Afrique centrale et Grands lacs, Jacques Etame est Professeur titulaire des universités en service à l’Université de Douala (Cameroun). Il dirige notamment l’Institut universitaire de technologies (IUT) qui abrite la plateforme de coopération université-entreprise (PCUE) de Douala.

 

 

 

 

 

Date de publication : 04/03/2020

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